« Et surtout il y a le bleu. Il faut venir jusqu’ici [en Iran] pour découvrir le bleu. Dans les Balkans déjà, l’œil s’y prépare; en Grèce, il domine mais il fait l’important : un bleu agressif, remuant comme la mer, qui laisse encore percer l’affirmation, les projets, une sorte d’intransigeance. Tandis qu’ici ! Les portes des boutiques, les licous des chevaux, les bijoux de quatre sous : partout cet inimitable bleu persan qui allège le cœur, qui tient l’Iran à bout de bras, qui s’est éclairé et patiné avec le temps comme s’éclaire la palette d’un grand peintre. »
L’Usage du monde, Nicolas Bouvier, 1963.
Je ne sais pas si le bleu allège le cœur tant malmené des Iraniens, en tout cas il égaie celui du voyageur. Et il illumine le pays.
L’Usage du monde est bien plus qu’un récit de voyage : une incomparable ouverture sur le monde. Relu, relu et rerelu au fil des années, il est peut-être un peu responsable de notre irrépressible envie de visiter l’Iran. En tout cas, il nous a soufflé le nom de notre blog !
C’est à Ispahan que nous avons vécu notre premier émerveillement bleu. Le bleu est partout — à l’intérieur des mosquées, sur leurs façades et sur leurs dômes, dans les palais, dans les hammams, dans la rue… en carreaux de faïence, en mosaïque, en brique vernissées, en métal.
Ispahan est une grande ville de 2 millions d’habitants, mais aussi un écrin de verdure au milieu du désert, traversé par la rivière Zayandeh rud, qu’enjambent quelques ponts impressionnants.
Le pont Khajou
Ancienne capitale de l’empire perse, Ispahan est un joyau architectural et artistique, dont le cœur est la place de l’Imam. Initialement baptisée place Naghsh-e Jahan (« Reflet du monde »), elle a ensuite longtemps été désignée sous le nom de place du Chah (à savoir chah Abbas, qui a ordonné sa construction à la fin du 16e siècle). Révolution islamique oblige, elle a encore changé de nom en 1979 pour devenir la place de l’Imam (Khomeini). Mais de nombreux Iraniens préfèrent toujours le chah à l’imam pour la désigner.
Cette immense esplanade est agrémentée de bassins et entourée de jolies galeries commerçantes. La place de l’Imam accueille trois bâtiments majeurs : la mosquée de l’Imam (ex-mosquée du Chah), la mosquée du cheik Lotfollah et le palais d’Ali Qapu.
La place de l’Imam : à gauche, la mosquée du cheik Lotfollah ; au fond, la mosquée de l’Imam ; à droite le palais d’Ali Qapu
La mosquée du cheik Lotfollah, particulièrement, nous a émerveillés, avec sa palette de bleu, jaune, vert…
A l’intérieur de la mosquée du cheik Lotfollah
En fin d’après-midi, la place s’anime et, bien plus qu’un lieu de visite pour les touristes, elle devient lieu de rencontre des familles, des amis, des amoureux. On discute, on boit un thé, on pique-nique (le pique-nique est un sport national en Iran). C’est sur cette place que nous avons pris conscience de l’envie d’ouverture, du besoin d’améliorer son futur… en se préparant à émigrer : à plusieurs reprises, nous avons été abordés par des personnes — jeunes ou moins jeunes, seules ou en petit groupe — qui souhaitaient discuter avec nous pour parfaire leur anglais. Une jeune femme, par exemple, révisait pour un examen d’anglais en vue de l’obtention d’un visa pour le Canada…
La place de l’Imam (à l’arrière plan, le palais d’Ali Qapu)
C’est aussi sur la place de l’Imam que se situe l’une des entrées du grand bazar. Au sein d’un bazar, on trouve tout ce dont on a besoin. Des commerces, évidemment, mais aussi des mosquées, des restaurants. Les bains — hammams — toutefois ont en général été transformés en restaurants ou en maisons de thé.
Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, les bazars sont des centres commerciaux tout-à-fait dans l’air du temps. Si certains sont assez touristiques, la plupart regroupent les magasins indispensables au quotidien : marchands de fruits et légumes, d’épices et de fruits secs, de thé, fromagers, boutiques de vaisselle. D’autres magasins sont moins « vitaux » : bijoux, vêtements… Un bazar est en général un dédale de ruelles couvertes où s’égarer est un jeu d’enfants, retrouver son chemin beaucoup plus difficile !
Au sein du grand bazar d’Ispahan
Nous avons été très frustrés par la drôle de luminosité lors de notre séjour à Ispahan. Nos photos s’en ressentent, mais nous vous les montrons quand même !
La mosquée du cheik Lotfollah, sur la place de l’Imam
L’entrée de la mosquée du cheik Lotfollah
L’entrée de la mosquée du cheik Lotfollah
A l’intérieur de la mosquée du cheik Lotfollah (également sur les quatre photos suivantes)
La mosquée de l’Imam (ou du Chah, c’est selon) vue depuis la terrasse du palais d’Ali Qapu
Le palais d’Ali Qapu
La décoration de la magnifique salle de musique du palais d’Ali Qapu reproduit des formes d’instruments de musique, d’où son nom !
Le plafond de la salle de musique
Le pont Se-o-se Pol (dit « pont aux trente-trois arches »)
Selfie devant le pont Khajou
Au pied du pont Khajou
Sur le pont Khajou
Les arcades du pont Khajou
Sur le pont Khajou
Gâteaux, samovar, théière : tout ce qu’il faut pour une pause thé au bord de la rivière
La place de l’imam Ali
La mosquée d’Haroun
La mosquée du vendredi.
Imbriquée dans le bazar, l’entrée de la mosquée du vendredi
L’entrée de la mosquée du vendredi
Dans un couloir de la mosquée du vendredi
Mosaïque de la mosquée du vendredi
L’entrée de la mosquée d’Ali
La mosquée d’Ali
Quand on nous recommande un restaurant de beryani, nous y courons, pensant manger un plat de riz similaire au biryani indien… En fait, point de riz mais du mouton haché servi dans un grand pain ! La végétarienne a passé son tour, Bertrand s’est régalé. La boisson, c’est du dough, une préparation au yaourt comparable au lassi indien.
La cathédrale arménienne
Dans la cathédrale arménienne
Dans la cathédrale arménienne.
Une cour du grand bazar
Boutique de samovars dans le grand bazar
On croise dans le bazar de nombreux chariots et vélos, ces derniers souvent équipés de splendides sacoches en kilim
Boutique d’épices dans le grand bazar
Le bleu résiste au temps…
Juste magique !
Certes le bleu à déserté le ciel…mais ces couleurs de mosaïques sont magnifiques !
Un mot me vient à l’esprit en regardant ces photos plusieurs fois…respect. Respect du temps, respect des traditions, respect des gens. En tout cas c’est le sentiment que ça me donne.
Merci encore une fois pour vos merveilleux partages.
Je vous embrasse
Yep, les couleurs sont impressionnantes !
Il faut vous lancer dans l’écriture de guides pour tous ces beaux moments. Merci de nous faire voyager par procuration
Je vais y songer…
Il va falloir en faire un livre en rentrant. Les commentaires sont top, les photos sont top…que dire de plus……..merci. Bisous.
Merci 🙂